1. COVID, enseignement à distance et ingéniosité
2. Compétition pour l'attention
Étant sensible aux phénomènes émergents et ayant eu plusieurs réflexions sur comment la technologie influence l'enseignement et le comportement humain, je réalise rapidement que l'enseignement à distance nous oblige à repenser l'entièreté de notre approche.
Les murs permettant de protéger et développer l'attention des élèves n'existent plus.
Je suis en compétition directe avec d'autres sources de divertissements ou d'informations qui possèdent de meilleurs moyens techniques que moi pour capter l'attention, qu'elles soient scolairement appropriées ou non, et qu'elles favorisent l'apprentissage ou non. J'ai donc décidé de m'inspirer de la culture du web : les jeux vidéos, les "Youtubeurs" et les "Streamers". Il ne reste qu'à appliquer critiquement ce que j'en apprends à l'éducation.
Bomber Teacher
Une tâche ludique inspiré d'un jeu vidéo de mon enfance permettant d'adresser les concepts ainsi que la notation de la position, du déplacement, de la distance parcourue et de la vitesse.
L'écran vert
J'ai toujours trouvé qu'une personne incrustée capte mieux l'attention qu'une personne qui est dans une fenêtre isolée.
On peut aller loin avec une nappe du dollorama, une lumière jaune de construction et des vieux bouts de bois
3. Gestion de l'attention
3.1 Le locus d'attention

Tout comme lorsqu'on utilise un vrai tableau, il y a un
locus d'attention
où les trois éléments suivants sont rapprochés:
1) La ou les sources d'information(s);
2) La personne qui transmet l'information verbalement et non-verbalement;
3) Les mains qui attirent l'attention sur l'information et qui par les gestes enrichissent l'information.
Quand la personne qui enseigne n'est pas incrustée dans l'image et qu'elle se situe dans une fenêtre isolée, c'est comme si elle essayait de nous expliquer ce qui est inscrit au tableau à partir de la fenêtre du corridor. Ce qui est présenté est séparé de la personne qui présente : on ne sait pas toujours où regarder, cela divise et épuise notre attention.
Comment reproduire virtuellement les situations réelles permettant de gérer l'attention lorsqu'on présente l'information au tableau ?
3.2 Reproduire les situations selon la perspective de l'élève.

L'apprenant qui accompli une tâche en situation réelle porte son attention visuelle sur les informations pertinentes, les outils et il utilise ses autres sens. L'idée est d'incarner l'apprenant afin de
reproduire les perceptions.
On augmente le virtuel d'éléments réels pour provoquer une perception incarnée qui favorise le réalisme de la situation.
Quand la personne qui aide l'apprenant dans la tâche n'est pas capable d'intégrer facilement les gestes et outils qui permettent d'accomplir la tâche, les temps morts et la frustration associée aux interventions inefficaces causent une perte d'attention et découragent l'apprenant de s'engager à nouveau dans la relation d'aide.
Comment reproduire virtuellement les situations réelles permettant de gérer l'attention lorsqu'on présente l'information pendant une tâche ?
1) Mise en évidence de l'information pertinente
Un curseur à l'écran, c'est pauvre en information comparé à des mains. On peut désormais pointer, rapprocher, éloigner, encercler, tourner, visser avec le truc de la main droite, comparer deux éléments, etc.. La main qui entre dans l'écran est comme un objet qui entre en périphérie de notre champs de vision : cela attire naturellement l'attention. On peut également agrandir certaines zones et jouer sur la taille et la position de la personne qui présente.
2) Intégrer des outils tangibles et virtuels.
Cela permet d'établir une réflexion avec les élèves par rapport à l'utilité des types d'outils et d'instruments qui permettent d'obtenir de l'information et d'agir. Les sensations et effets ressentis à travers leur manipulation nous amènent à décrire le monde qui nous entoure. Par exemple, en manipulant un train d'engrenage, on peut finir par exprimer le fonctionnement de l'avantage mécanique: allez voir la section MécanoBot pour plus d'exemples !
3) Utiliser les signes non-verbaux
Nos expressions faciales, notre posture, les gestes que l'on effectue transmettent énormément d'informations aux apprenant pour qu'ils ajustent leur comportement et leur attention. Les différentes prises de vues et une intelligence artificielle suivant mon visage mettent en valeur ses informations.

L'utilisation d'une IA permettant de suivre le visage m'a permis de m'assurer que les apprenants aient l'opportunité d'apprendre à reconnaître les expressions du visage, un besoin de développement affecté par le port des équipement de protection individuel. J'adresse ce problème dans le dispositif Machine intelligente, dis-moi comment je me sens ? que j'ai développé pour Moment Numérique et qui est publié sur le site Décode les algorithmes et les données de la commission Canadienne de l'UNESCO.
3.3 Reproduire les supports visuels et sonores

Pendant son apprentissage, l'apprenant utilise les supports visuels et sonores mis à sa disposition dans l'environnement, lui permettant d'autoréguler son comportement.
Quand la personne qui gère la classe ne possède pas de supports visuels et sonores, il se doit de rappeler verbalement les informations. Le temps de l'éducateur pourrait être mieux investi et cette situation prive l'apprenant de situations où il pourrait développer son autonomie en dirigeant volontairement son attention vers des supports autres que l'éducateur.
Comment reproduire virtuellement les supports visuels et sonores normalement utilisés en contexte scolaire ?
1) Minuterie et signal sonore indiquant le début et la fin.
2) Musique d'attente et effets sonores.
En réfléchissant à Pavlov et à la façon dont les sons sont utilisés pour favoriser l'addiction aux produits numériques, j'ai décidé d'utiliser la musique d'attente et les effets sonores exceptionnellement. Je veux utiliser des pratiques qui permettent d'améliorer l'attention pour favoriser l'apprentissage et non pas pour créer de l'addiction.
3) Plan de la période, consignes, informations importantes et comparaison.
Provoquer des émotions positives et un sentiment d'appartenance.
La pandémie, ça n'a pas été facile.
On ne peut pas voir les gens qu'on aime quand l'on veut.
Certains ne peuvent tout simplement pas sortir à cause de leur état de santé ou celui de leurs proches.
Pour plusieurs élèves, la majorité de leurs interactions sociales sont en ligne et ils ne voient pas la nature.
Les prises de vues et la qualité d'image empêchent souvent de bien voir les détails, les expressions du visage et celles du corps.
Cela affecte indéniablement leur humeur.
Comment provoquer des émotions positives et un sentiment d'appartenance ?